• L'Örlög, soit la notion de Destin d'après le texte de la Völuspá

    L'Örlög, soit la notion de Destin d'après le texte de la Völuspá:

    La Völuspá: La voyante qui sera ensuite complétée par le Hávamál, décrit les composantes fondamentales de l’humanité : qu’est ce qui définit un humain ?

    Tout d’abord, soulignons que la Völuspá parle immédiatement de Ask et Embla, le premier Homme et la Première Femme et nomme deux des qualités qui leurs manquent, à eux deux, pour être des humains. Les hommes doivent chercher leur vie durant en eux et a l'extérieur d'eux même ces qualités. Et cette notion de « recherche » ou de « compréhension » est communes aux hommes et aux femmes sans distinction de sexe.

     

    Ceci sépare inexorablement la spiritualité Nordique de celle de toutes les cultures où les dieux attribuent leur humanité à l’homme et à la femme soit dans un ordre bien déterminé, soit par des qualités différentes


    Par rapport a ces recherche sur eux même les hommes peuvent être « megandi » = ayant peu de force pour faire ou pour être et le fait d’être « örlöglauss » = sans destinée.

     

    Il semble donc que ce soit aux humains de se débrouiller pour acquérir force d’action et destinée.

    Les trois dons des dieux, sont : « önd »= le souffle, « óðr »=l’intelligence et « lá » = l'âme ou a proprement parler la mer le long des côtes, une image assez évidente des eaux internes, sang, lymphe et l’eau de nos cellules, qu'on peut aussi qualifier de « la vitalité ».

     

    Autrement dit, force, intelligence et vitalité sont des dons des dieux et ils semblent devoir suffire aux humains pour qu’ils trouvent le moyen de créer eux-mêmes leur capacité d’action et leur destinée.

     

    De faite on peut relier ces definitions avec l'interprétation moderne en la possibilité de « forger soi-même son destin ».

    Les Trois Nornes :

    Les Nornes sont les Déesses du Destin, on les retrouves dans les contes de Fées sous les traites des Marraines et des bonnes Fées.

     

    Dans l'existence et l'univers, ou cet autre monde des dieux, tout est relier rien n'est sépares. Ainsi les Nornes au pieds de l'Arbre Yggdrasill influence les neuf mondes et le destins de chaque être vivants, de chaque personnes, Femmes Enfants, Hommes ou les Dieux, les Déesses ou les Valkyries. Chaque pierres, chaque arbres, chaque petites étoiles dans le ciel a un destin et un passé. Une histoire tissé dans une étoffe faite de fils différents. Chaque fils correspondant au destins de chaque choses.

    Par exemple : Sous les racines d'Yggdrasill jaillissent des sources

    , c'est sources sont des sources de connaissances et le wyrd de c'est sources ainsi que leur örlög sont en lien avec les Nornes elles mêmes et Odin également qui a sacrifier un de ses yeux dans la source de Mimir et qui s'est pendu a une branche d'Yggdrasill, découvrant les runes dans les racines. Runes qu'il a confier aux Hommes de la terre pour partager cette sagesse avec eux.

    D'autre lieux des endroit sur terre sont aussi en lien avec Odin, Odin a influencer l'örlög et le wyrd du lieu par exemple en Scandinavie bien sur Onsbjerg, ou Oðinsberg au Danemark ou Oðinshögr voire Onslunda en Suède ou encore dans les Îles Orkney (comme c'est l'Ecosse qui nous intéresse)

    des endroits tels que Odinsgarth, Odiness et Otterswick ou Odinswick.

    Peut-être le plus célèbre des monuments d'Odin était-il la Pierre d'Odin vénérée dans la paroisse de Stenness.

    Ce monolithe perforé était au centre de l'incontournable « Aith o'Odin ». 

    En Ecosse dans les îles Orkneys la Pierre d'Odin servait a prêter des serments de mariage ou d'autre nature.

    Dans un article du journal locale de 1774, nous apprenons:

    "Cette cérémonie était tellement sacrée à cette époque que celui qui osait rompre les fiançailles ici était réputé infâme et excluait toute société."

    Un autre cas, enregistré en 1781, concernait un jeune homme qui avait séduit une fille sous promesse de mariage. La fille, qui est tombée enceinte, a ensuite été abandonnée:

    "Le jeune homme a été appelé avant la session; les anciens étaient particulièrement sévères. Le ministre leur ayant demandé la raison de tant de rigueur, ils ont répondu:" Vous ne savez pas de quel homme il s'agit, il a brisé la promesse d'Odin. '

    Après avoir demandé en outre ce qu’ils entendaient par la promesse d’Odin, ils lui ont fait penser à la pierre de Stenness, avec son trou rond; et a ajouté que, lorsque les promesses étaient faites, il était d'usage que les parties contractantes unissent leurs efforts pour passer à travers ce trou et que les promesses ainsi faites étaient appelées les promesses d'Odin. "

    Principal Gordon, Collège écossais,
    Archéologie écossaise de Paris, Vol I – 1792

     

    On trouve également une brève mention du serment Odin dans l'ancienne ballade des Orcades, The Play o 'de Lathie Odivere :

     

    "An swore bae him dat hang on tree' to marry her"
    "He bragged near and far he won his wife bae Odin's Aith" 

     

    (Un juré lui a promis de l'épouser
    "Il s'est vanté de près et de loin, il a gagné sa femme de l'Ain d'Odin)

     

    La puissance de cette pierre, ainsi que le serment, étaient considérables et restèrent d'usage courant jusqu'à la destruction de la pierre en 1814.

     

    C'est noms laisser par le passé sont des traces et des histoires ou des énergies qui reste et influence le wyrd du lieu, des habitants et celui d'Odin lui même lier depuis Asgard a la Scandinavie et a l'Ecosse.

    La source de Mimir (mémoire) est depuis consulté régulièrement par les dieux. Une des racines d'Yggdrasill s'enfonce en Niflheim héberge la source de Hvergelmir qui s'écoulent et devient ensuite le fleuve Elivaga. La Troisième racine quand a elle est le siège de la source d'Urdr (qui signifie « ce qui est fait »)

    Il y a aussi un lien évidant avec les trois Nornes dons Urdr (la passé), Verdandi (le présent) et Skuld (le Futur). Elles filent le destin des hommes et des choses et lorsqu'une vie s'achève, Skuld coupe le fil sacré de l'existence. L'ensemble de ces fils constitue une immense étoffe de tissus chamaré de multiple couleur qu'on peut voir ou représenter comme un tartan, un de nos tartans des highlands ou des pays celtiques. Chaque vie est une couleurs et en s'entremellent les unes aux autres les fils forme un motif plus large plus grand.

     

    De ce fait nous comprennons que le Wyrd est constitué de fils entremêlés comme une immense toille d'araignée sans centre ni bords, et qu'il constitue des motifs dans son ensemble comme les motifs dessiné sur un de nos Tartans.

    L'homme, la Nature, Les Ases, les Vanes, les Dises ou les Landvaettir tout fait partie du Wyrd et où que nous nous trouvons, nous sommes toujours au centre de la toile ou de l'étoffe du wyrd.

    Chaque fil de ce Tartan du Wyrd représente l'existence d'un être vivant, et dans le Nord tout est vivant, y compris les pierres. Ce tartan ou cette toile du Wyrd symbolise l'ordre naturel des choses, l'ordre du monde, car chaque individus, chaque choses, ou chaque créature y a son fil. Et la destinée des êtres reviendra à se mettre en harmonie avec cet ordre naturel.

    Et le côté le plus sacré a notre Tartan du Wyrd ou cette toile d'araignée géante c'est que chaque chose qui si passe , chaque goutte d'eau de pluie qui tombe sur la terre de Midgard ou chaque poissons qui bondit dans un des Fjörds paisibles ou des Lochs profonds d'Asgard et ressenti a travers la toile du Wyr. Cela profoque comme une vibration pu un plis dans l'étoffe du Tartan de destin. Ces micro-événement peuvent être persu pas les Dieux, les Déesses, les Valkyries ou les Druides Nordiques (les Goðar) qui pratiquent le Seidr et l'élévation de l'esprit. L'Art du Seidramadr et de la Seidrkona. Toute manifestation sur notre Tartan du Wyrd provoque une réaction, une vibration qui peut être percut lors de seances de Seidr ou d'Imbas Forosnai (ce sont les mêmes pratiques) d'autres forme d'EMC comme le rêve lucide ou l'auto-hypnose peuvent nous apporter des images et des ressentit sur les événement du Wyrd, mais c'est a nous de faire la différence, parfois en ce reliant aux personnes volontairement ou involontairement. Autrefois par exemple la mort d'un Guerrier et la naissance d'un bébé avaient des vibrations différentes ainsi que des manifestations différentes. Jadis les Devins, Draoidh Faith ou Völvur et autre voyant poètes comme les Filidh avaient le savoire pour lire correctement et déchiffrer Ce Wyrd. Mais que ce soit pour les Divinités ou leurs Druides on ne peut en voir plus qu'une petite partie et nous devons accepter en définitive la fatalité ou le côté immuable que peut avoir souvent le destin.

    De faite on ne peut tout percevoir ou comprendre de ce Wyrd, il est tellement vaste, tellement complexe et parfois indéchiffrable que nous ne pouvons le comprendre ou en saisir la majeur partie. Le Destin d'un homme se suffit a lui même, qui est une partie de ce Wyrd. De part notre nature individuel et humaine donc forcément limité nous ne pouvons assurément saisir lee Wyrd, nous devons prendre beaucoup de recule pour l'observer, comme s'il s'agissait de quelque chose d'éxtèrieur et de séparer de nous. Mais hélas comme pour le pêcheur qui ne peut pas voir toute l'immensité de la mer et des Océans si vastes et profonds. Le Druide lui même ne peut visualisé la totalité du Wyrd. Ainsi comme l'usage le veux chez les Nornes nous gravons des runes sacrées sur du bois ou de l'os et nous les jetons avec piété dans l'océan du destin ou ce trouve les filets du Wyrd.

     

    Les Nornes ont un liens sur le destin par les fils mais dans le texte de la Völuspá on apprend aussi que les trois Nornes décident de la destinée des humains en « grattant une planchette de bois »

    Les Nornes grattent alors une planchette de bois ?
    Il y a un aspect obligatoire à une destinée décidée par des puissances supérieures qui contredit l’interprétation, quelque peut hâtive que nous pouvons en faire parfois. La notion est plus complexe qu'il n'y paraît. Le problème de l’örlög est donc plus complexe.


    Avoir un destin est certes une composante fondamentale de la vie des humains mais elle s’oppose à notre besoin de liberté. Pour mieux comprendre il nous faut repenser la relation entre le pouvoir d’agir et l’örlög.

    Le pouvoir d’agir nous ouvre les portes de la liberté alors que l’örlög a plutôt tendance a les fermer.

    L'örlög est percu parfois comme une divinité suprême du Nord , quelque chose d'imflexible, de puissant et de terriblement anciens, peut être dangereux ? Du moins inquiétant. Mais Non pas du tout, Il est vrais que les Dieux eux mêmes sont soumis comme les Hommes a cet örlög et à ses décrets, dont les Nornes ne sont que les porte parole.

    Mais l'örlög n'est pas imflexible nous pouvons le voir dans nos sagas ou dans le nom de la troisièmes des Nornes Skuld qui représente le Futur, son nom se traduit par « ce qui devrait advenir » et non « ce qui adviendra ». Chez les Scandinaves et les peuples du Nord il y aura toujours une possibilité de modifier le cours des événements et de son destin. Il est possible d'agir sur l'étoffe du Wyrd.

    Il faut rappeler que la première capacité humaine, celle d’agir, tempère l’inexorabilité du destin.

    Finalement, il semble que ce soit justement la destinée de l’humain d’être coincé entre un destin inexorable et une capacité à agir. Dans la mesure de ses capacité l'homme doit faire aux mieux pour lui même et ses proches. Bien que le Wyrd ait quelque chose d'intangible la force intérieur et le pouvoir d’agir fournit à l’humain une possibilité de découvrir son propre destin au lieu de le subir aveuglément. 

    Une fois que nous aurons enfin reconnu et compris notre destin les épreuves de la vie ne nous paraîtrons plus aussi difficiles et nous retrouverons notre capacité d'agir dessus.

     

    Les dictionnaires signalent que les mots wyrd (= destinée en anglo-saxon) et urðr (= destinée en norrois) sont étymologiquement liés. Ceci s’exprime dans un lien au sens encore plus frappant. En fait, wyrd est lié au verbe weorðan, devenir. Le mot norrois urðr est lié au verbe verða, devenir, (urðu au prétérit pluriel = ils devinrent). Mais la Norne Urðr se différencie certainement de la Norne Verðandi (participe présent de verbe devenir = devenant). Par contre, le wyrd ne semble pas différencier entre ce qui est devenu et ce est en train de devenir.

     

    Le Karma-Kroui et le Wyrd :

     

    Dans le Druidisme en générale nous avons une notion qui est lier a celle du Karma qu'on retrouve dans le Védisme et en Orient. Le Kroui ou Karma-Kroui ce défini comme une chose crée par son créateur qui est vu comme l'Awen ou inspiré par le souffle de l'awen.

    Le Créateur est dans cette optique un être qui ce trouve dans le cercle de Keugant (l'état divin ou d'éveil). Comme je l'ai dit déjà dans ce livre les cercle druidique sont au nombre de 5 soit, Cytraul,Annouim, Abred, Gwenved et Keugant) Keugant corespond a l'état divin d'éveil spirituel et de pratique de l'extase ou des etat modofier de conscience qu'on appel en Gallois Awen, en Gaélique Imbas Forosnai, En Gaulois Ambosta ou en Vieux Norrois Seidr. De ce faite on peut s'appersevoir que le Kroui ou le Karma est lier a l'étoffe de Notre Tartan du Wyrd. Et tout l'enseignement Druidique et la sagesse de nos vies prennent alors une dimension plus grande et plus complexe.Le Kroui se condense en matière. Ce qui est ambiguë parce que la notion de matière nous renvoit a une definition plus prosaïque a notre époque.

    Le Kroui a le sens comme le Karma en Orient de conséquence de l'action ou de la création. Il existe dans le cadre de l'espace et du temps.

    Le Kroui est donc la conséquence des actes et des événement lier a la trame de notre vie celel qui est visibles sur le Wyrd, par les état de conscience modifier ou je dirait emplifier, l'Awen , l'éveil permet de ce rendre compte de ce qui ce passe dans notre vie et autour de nous.


    Prenons un exemple le cas du Rêve de Balder le fils préférer d'Odin et de Frigg. Dans le Nord le destin s'exprime et le wyrd peut être révéler par les rêves.

    C'est la que tout le sens des Baldrsdraumar (les rêves de Balder) prennent tout leurs sens. Celui du Kroui/Wyrd et donc la fatalité de sa mort tuer par les fourberie du Dieu Loki.

    En vérité Balder rêves de sa Mort, Frigg va faire jurer chaque être vivants des 9 mondes pensant ainsi influencer le Wyrd de son fils et Odin pratique le Seidr mais ne vois pas tout il demande l'aide d'une de ses Druidesse-Völva mais la voyante ne vois pas tout elle non plus , et Balder meurt quand même a la dates prévus comme lui avait prédit ses rêves. Cette histoire nous montre que chaque être vivant est soumis au Wyrd et qu'on ne peut avoir une influence que partiel sur ce dernier. Chaque mort est toutefois importanntes dans le mondes des peuples du Nord, car ils sont lesrelais entre notre monde et celui du sacré. Même Balder. Surtout Balder.

     

    Mais ceci n’est rien d’autre que mon opinion, donnée de façon succincte:

     

    Voici maintenant ce que l’on peut comprendre, dit plus en détail, de ces strophes de la Völuspá.
    Les dieux nous ont fait cadeau de trois capacités. 


    La première, un don d’Óðinn (Odin), c'est le souffle. Bien sûr, n’oublions pas qu’il s’agit du processus un peu mécanique qui fait que la disposition de nos côtes permet à nos poumons de se gonfler d’air. Voilà pour le corps. Mais, au-delà de cela, le souffle nous permet de nous identifier aux forces aériennes et aussi de « trouver le souffle », c‘est à dire à la fois l’inspiration et le courage, pour continuer à exécuter une tâche ardue. 


    Le deuxième, don de Hœnir, est l’intelligence. Du point de vue corporel c’est notre cerveau et il ne faut pas oublier que cette faculté, dont nous les humains semblons si fiers, trouve sa source dans un de nos organes. Par ailleurs, c’est évidemment la faculté de penser juste, de savoir se situer dans l’univers, de se comporter avec rationalité. L’intelligence est aussi la compagne du courage pour nous donner des raisons de poursuivre une tâche complexe, qui peut même en devenir plaisante car elle titille notre intelligence.


    Le troisième, don de Lóðurr, est "la mer en bord de plage". L’eau de notre corps est ce qui assure son fonctionnement et qui en constitue la plus grande partie. Là encore, l’aspect corporel de l’eau ne doit pas être négligé.

     

    Mais elle est aussi ce qui nous met en contact, comme la mer dont les vagues déferlent sur la plage, avec les forces combinées de l’eau et du sol, ce qui est une image assez complète des forces de la terre.

     

    Par ailleurs, ces eaux internes sont la source primordiale de vie et de la joie de vivre qui lui est associée. « Belle couleur », comme dit le dernier vers de la s. 18, décrit déjà une manifestation de la joie de vivre.


    Maintenant, nous pouvons peut-être un peu mieux comprendre pourquoi les Dieux n’ont pas jugé bon de nous munir d’une capacité spécifique à l’action ni d’un örlög.

     

    Combinons courage, intelligence et joie de vivre et nous obtiendrons de suite une façon particulièrement efficace de nous motiver à agir « comme il faut » c’est à dire sans ennui, sans imbécilité et sans découragement. En effet, le découragement est souvent la cause de nos échecs et la joie de vivre est ce qui nous aide à ne pas baisser les bras devant les problèmes les plus accablants, sinon « autant se suicider tout de suite » serait une solution évidente.


    Le problème de l’örlög est plus compliqué à analyser.

    En effet, il me semble que les dieux n’ont pas directement touché à l’örlög car ils savent bien que c’est le domaine des Nornes et que, dans notre religion, ils sont eux-mêmes soumis à une destinée. Mais ils savent aussi que les Nornes ne s’occupent pas des ‘petits détails’ de la vie de chacun.

     

    Comme il est dit, Les Nornes sont « les Hamingjur du monde » [Note 3] et elles ne déterminent que les grandes lignes de nos petites destinées individuelles. Nous n’échapperons pas, par exemple, au réchauffement climatique qui semble faire partie intégrante de l’örlög de l’humanité. Il y a cependant mille façons globales de s’opposer à un réchauffement catastrophique et mille autres individuelles de vivre ce réchauffement, catastrophique ou non, de façon à en souffrir le moins possible. Ceci dépend effectivement du courage, de l’intelligence et de la joie de vivre des humains de notre époque, bien qu’ils soient soumis de façon inexorable à la destinée de l’humanité. Ceux qui ont contesté ce réchauffement climatique face aux preuves et les états qui refusent de prendre en compte ce fait agissent typiquement comme tous les individus qui ne veulent pas utiliser les dons des dieux pour voir clair dans leur destin et agir en conséquence. 

    Soient ils nient le destin, soit ils s’y soumettent aveuglément. Ces deux attitudes nient les forces supérieures qui nous dirigent ou les dons de nos dieux. Elles sont deux routes parallèles en direction d’un désastre personnel et social.


    Quelque explications sur les détailles de la Völuspá :


    Il est intéressant de comparer, de ce point de vue, le mythe scandinave à un des mythes sumériens de la création de l’humanité.

     

    Le grand dieu sumérien Enki se dispute avec sa compagne Ninhursaja car elle a fait pousser huit plantes dont il n’a pas déterminé le destin. Il s’empresse de leur donner un destin et Ninhursaja est furieuse de la destinée infligée aux plantes entre autre elles vont servir de nourriture, ce qu’elle ne désirait pas.

     

    Elle maudit alors Enki qui tombe malade et souffre dans huit parties de son corps. Ils se réconcilient par l’intermédiaire d’un renard diplomate et Ninhursaja commence à soigner Enki. Associée à chacune des huit douleurs qu’elle extrait du corps d’Enki, elle accouche d’un enfant, dieu ou déesse.

     

    Les deux premiers enfants et le dernier sont mâles et les cinq autres sont sans doute féminins.( Il se trouve que lorsque les côtes d’Enki sont soignées, Ninhursaja accouche d’un septième enfant, une déesse, Ninti la future « déesse du mois».) Dans ce mythe sumérien, datant d’au moins 5000 ans, des êtres des deux sexes sont créés en séquence mais on voit bien, sans pouvoir savoir si cela est signifiant ou non, que les hommes ont débuté et clos la procédure.


    Voir plus de détails à la strophe 20, mais l’argument essentiel est le suivant. Cette affirmation devient absolument évidente si on se rend compte que, dans la strophe 20, le vers 7 « skáru á skíði (elles grattaient sur une planchette) » n’a pas de complément d’objet direct et que le vers 12 « örlög seggja (la destinée des humains) » n’a pas de verbe. Ceci indique, comme d’habitude en poésie scaldique, qu’il est judicieux de les réunir si on obtient une phrase censée qui est : « Elles grattaient sur une planchette la destinée des humains ». 

    Cette façon de parler est donnée par Cleasby-Vigfusson au mot hamingja. Elle résulte probablement d’une interprétation des deux  éventualités  de ce mot dans l’Edda poétique, dans VafÞrúðnismál s. 49 et Vegtamskvida (Le rêve de Balder) strophe dite ‘d’ dans l’édition de Bugge.

     

    Une Hamingja est un esprit protecteur (le mot hamingja signifie aussi ‘chance’ ) qui s’attache à certains individus d’un clan afin de protéger le clan. Les strophes « a » et « d » ne sont pas souvent traduites. Voilà la première moitié de ‘d’. 
    Les rêves prémonitoires de Balder affolent les Aesir (Ases) et les augures confirment que Balder doit mourir. Alors… la strophe ‘d’ commence ainsi: 


    Vieux Norrois :

    « -Valföðr uggir,
    van sé tekit,
    hamingjur ætlar
    horfnar mundu »

     

    Français  :

    « -Le Père des Morts suspecte
    qu'un manquant soit obtenu,
    les haminjur il pense
    disparues puissent »


    Odin suspecte qu'il y ai un manque et il pense que les hamingjur puissent être disparues

    Autrement dit, la situation lui paraît désespérée et cela se décrit comme la disparition des Hamingjur.

     

     

     

     

     

     

    Le Wyrd  Poster un commentaire  
    Le wyrd, Urðr et l’ørlög

    Pour le norrois, c’est-à-dire Urðr et l’ørlög, vous aurez mes traductions et mes citations seront quasiment exhaustives, poésie et sagas.

    Partie 1 : Citations contenant le mot wyrd



    Cette vingtaine de citations vous dira ce que l’on sait réellement au sujet du wyrd. Elles appartiennent, sauf les deux dernières, à des textes classés comme païens parce qu’ils ne traitent pas des sujets bibliques. Vous verrez que le Dieu chrétien apparaît quand même quelques fois. 


    Les dictionnaires signalent que les mots wyrd (= destinée en anglo-saxon) et urðr (= destinée en norrois) sont étymologiquement liés. Ceci s’exprime dans un lien au sens encore plus frappant. En fait, wyrd est lié au verbe weorðan, devenir. Le mot norrois urðr est lié au verbe verða, devenir, (urðu au prétérit pluriel = ils devinrent). Mais la Norne Urðr se différencie certainement de la Norne Verðandi (participe présent de verbe devenir = devenant). Par contre, le wyrd ne semble pas différencier entre ce qui est devenu et ce est en train de devenir.


    Beowulf


    Vers 455
    Gæð a wyrd swa hio scel. Le wyrd s’accomplit comme il veut.

    Vers 475
    wigheap gewanod;mes guerriers disparaissent
    hie wyrd forsweop car le wyrd les a balayés
    on Grendles gryre. dans la poigne de Grendel.

    Vers 572
    Wyrd oft nereðLe wyrd souvent sauve
    unfægne eorl,le guerrier (qui sera) non condamné,
    þonne his ellen deah.s’il est courageux

    Vers 734
    Ne wæs þæt wyrd þa genQue le wyrd l’empêche
    þæt he ma mostede prendre encore 
    manna cynnesdes humains de la terre 
    ðicgean ofer þa niht.après cette soirée.

    Vers 1056
    þone ðe Grendel ærcelui que Grendel le premier
    mane acwealde,a tué,
    swa he hyra ma wolde,et avide il en aurait tué d’autres
    nefne him witig godsi le sage dieu
    wyrd forstoden’avait détourné leur wyrd,
    ond ðæs mannes mod.et sans l’humeur courageuse de l’homme (Beowulf)

    Vers 1205
    hyne wyrd fornam,mais le wyrd l’accabla
    syþðan he for wlencoquand dans son audace,
    wean ahsode,il chercha le danger,
    fæhðe to Frysum.querelle avec les Frisons.

    Vers 1233
    Wyrd ne cuþon,Le wyrd ils ne le connaissaient pas,
    geosceaft grimme,féroce destinée,
    swa hit agangen wearðils seraient frappés à son approche
    eorla manegum,les nombreux guerriers
    syþðan æfen cwomdès le soir venu.

    Note : geosceaft = destinée (aussi) 

    Vers 1526
    ac unc furður scealun combat finira
    weorðan æt wealle,notre guerre près du mur,
    swa unc wyrd geteoð,ainsi le wyrd l’attribue,
    metod manna gehwæs.maître de l’humanité entière.

    v 2040
    wyrd ungemete neah,le wyrd excessivement près,
    se ðone gomelanse préparait à recevoir
    gretan sceolde,l’homme grisonnant,
    secean sawle hord,à saisir le trésor de son âme,
    sundur gedælanéclater en morceaux
    lif wið lice,sa vie et son corps,

    Vers 2575
    swa him wyrd ne gescrafainsi le wyrd ne l’accorda pas,
    hreð æt hilde.et les honneurs de la victoire.

    Vers 2814
    Ealle wyrd forsweople wyrd balaya totalement,
    mine magasmes descendants aimés,
    to metodsceafte,vers leur sort fatal,
    eorlas on elneguerriers dans leur gloire.

    Note : metodsceaft = décision du destin, mort.

    L’errant (The wanderer)



    Vers 5 
    Wyrd bið ful aræd! Le wyrd arrive pleinement décidé !

    Vers 15
    Ne mæg werig modL’esprit fatigué ne peut pas 
    wyrde wiðstondan,au wyrd résister,
    ne se hreo hygepas plus que l’esprit triste 
    helpe gefremman.ne peut apporter secours.

    Vers. 100
    wæpen wælgifru,les armes avides de tuer,
    wyrd seo mære,le wyrd sublime,
    ond þas stanhleoþuet les tempêtes battent
    stormas cnyssað,ces falaises rocheuses,


    Le navigateur(The seafarer)



    Wyrd biþ swiþre,Le wyrd est plus grand
    Meotud meahtigra,et Dieu est plus puissant 
    þonne ænges monnes gehygd. Qu’aucun humain ne peut le penser.


    Maximes 2



    Vers 5
    wyrd byð swiðost, winter byð cealdost.
    wyrd est le plus fort, l’hiver le plus froid.

    La ruine (The Ruin)



    Vers 24
    Beorht wæron burgræced, Brillante était la forteresse
    burnsele monige, les bains nombreux
    heah horngestreon, luxueuse la richesse de tours,
    heresweg micel,les bruit martiaux nombreux,
    meodoheall monig le hall à bière plein
    dreama full,de joie rempli,
    oþþæt þæt onwende jusqu’à ce que cela change
    wyrd seo swiþe.le wyrd a balayé cela.

    Le poème rimé (The Rhyming Poem)



    Vers 70
    Me þæt wyrd gewæf, Pour moi ce que le wyrd a tissé,
    ond gewyrht forgeaf, et mon action (ou mérite) a apporté,
    þæt ic grofe græf, c’est que je doive creuser une tombe,

    Rêve de la route (Dream of the road)



    Vers 74
    þa us man fyllan ongan alors les hommes commencèrent
    ealle to eorðan. à nous tailler en pièces tous à nouveau.
    þæt wæs egeslic wyrd! Que c’était un effroyable destin !



    Pour finir, voici deux exemples d’usage du wyrd dans des textes typiquement chrétiens.

    Partie de l’Exode appelée La traversée de la Mer Rouge (The Crossing of the Red Sea)



    Vers 458
    ne ðær ænig becwomnul ne revint
    herges to hame, des guerriers chez soi,
    ac behindan beleac mais enfermés derrière
    wyrd mid wæge. par le wyrd dans la vagues.
    þær ær wegas lagon, Où se trouvait avant un chemin
    mere modgode,les brisants
    mægen wæs adrenced. ont battu et abattu l’armée.


    Vie de St Guthlac


    Vers 1351
    þroht þeodengedal,tourment de la séparation de son seigneur
    þonne seo þrag cymeð,quand le temps arrive
    wefen wyrdstafum. tissé par le mot du wyrd

    Note : stæf signifie ‘bâton’, wyrdstafum = avec le bâton du wyrd.



    Ces quelques exemples montrent bien que la notion de wyrd a bien été intégrée par le christianisme anglo-saxon, c’est à dire par des chrétiens encore élevés au sein de concepts païens : Les Juifs sont sauvés des guerriers égyptiens à cause du ‘mauvais’ wyrd de ces derniers, on trouverait cela un peu iconoclaste même de nos jours. Pire, c’est le wyrd de St Guthlac qui le sépare de son seigneur Dieu !
    Il est donc évident que même les poèmes païens sont touchés par la pensée de l’époque chrétienne qui amène une influence romaine avec elle. Certes, le witig god du vers 1056 de Beowulf peut très bien être un dieu païen, mais le Meotud (= destinée, Dieu, Christ) du Navigateur semble bien être le Dieu des chrétiens. Cependant, encore ici, on sent l’iconoclaste qui se permet de citer côte à côte la puissance du wyrd et celle de Dieu.

    Le pouvoir du wyrd est décrit comme immense, il balaie, accable, attribue, accorde, on l’ignore mais se prépare en cachette à frapper, il est egeslic et mære, effroyable et sublime [traduit par ‘inexorable’ dans les versions en ligne !]. On remarque aussi que, selon les textes, il est décrit de façon contradictoire. Par exemple, le vers 1526 de Beowulf dit qu’il est « le maître de l’humanité entière », le vers 5 de L’Errant dit qu’il est « pleinement décidé » c’est-à-dire qu’on ne peut pas s’y opposer et ce sens est sous-entendu en beaucoup d’autres endroits. Mais l’absolu de cette puissance est aussi contesté plusieurs fois. Le vers 572 de Beowulf dit que le courage peut sauver de l’effet du wyrd, le vers 1205 signale l’existence d’une cause rationnelle venue appuyer le wyrd, le vers 15 L’Errant affirme qu’un esprit fatigué lui résiste moins (sous-entendant qu’un esprit résolu peut mieux lui résister), le vers 70 du Poème rimé que nos actions participent à son effet. En fin de compte, on voit apparaître l’idée que les humains sont partiellement responsables de leur destin, ce que résume si bien la formule chrétienne : « Aide-toi, le ciel t’aidera ». C’est pourquoi je décèle là une influence chrétienne qui explose dans le monde actuel où chacun veut et croit être maître de son destin.

    Une autre influence, païenne celle-là, est une assimilation partielle du wyrd aux Parques grecques. En effet, Poème rimé et Vie de St Guthlac disent qu’il a tissé la vie du héros. On voit dans ces instances l’origine de cette habitude de décrire notre destinée comme une toile tissée par le wyrd. Cette habitude est donc justifiée, pour le wyrd, par des usages très anciens. En étudiant l’ørlög nous verrons que ce ‘tissage’ n’a rien à voir avec la mythologie germanique païenne.


    Note : une digression sur les bâtons

    .
    Le Hávamál parle plusieurs fois d’un stafr que, dans la strophe 142, tout le monde s’accorde à traduire par ‘runes’ (bâton sur lequel sont gravées des runes). Ce mot a pris aussi le sens de ‘lettres écrites, mots’ du fait de cet usage. Par contre, dans les strophes 59, 27 et 8 les traducteurs font tout pour éviter d’utiliser ce sens, la magie n’étant admise qu’en dernier recours. Voyez mes longs commentaires de la strophe 8 qui tentent de ridiculiser les arguments de Dronke affirmant que stafr en fin de mot n’est rien qu’une « finale dérivative »  

    Vous avez vu que j’ai traduit ici le mot wyrdstafum par « le mot du wyrd » car il est infiniment probable que St Guthlac n’avait pas de bâton gravé de runes ni d’ogams et, encore plus, que l’on ne tissait pas avec un bâton, bien que l’on ait filé avec un. Cependant, la traduction classique de wyrdstaf, décret du destin, passe bien de bâton à ‘lettres écrites’ ce qui suggère des influences scandinaves, d’ailleurs tout à fait possibles, sur ce mot en anglo-saxon.

     

     

     

    L'örlög et le Hávamál:
    Örlög (les destins) dans le Hávamál
    et 
    Les strophes 41, 56, 15, 126, 59 et 141


    Le grand poème Hávamál (Hava-mál = Du Haut-la parole) par son titre même annonce que le Dieu Odin nous parle par l'intermédiaire des scaldes qui ont écrit ce poème. Il est composé de 164 strophes dont toutes font donc plus ou moins allusion au destin, en particulier les 95 premières qui donnent des conseils sur la façon de bien mener sa vie. Nous allons voir celles qui, même si elles ne prononcent pas le mot örlög, précisent le sens que prend ce mot pour Odin. 
    Nous commencerons par la strophe 41 qui nous fournit un exemple un peu banal où la destinée est considérée comme inévitable et contraignante, comme elle l'est dans la majorité des citations dans les sagas et comme le wyrd anglo-saxon. D'autres strophes donnent des précisions intéressantes. 
    La strophe 56 est la seule qui utilise explicitement le mot örlög et, avec la strophe 15, elle introduit une notion un peu inattendue : celle de « non-tristesse » associée à la méconnaissance de son destin, c’est-à-dire à la joie de vivre associée à cette ignorance. 
    Trois autres strophes donnent des conseils afin d'améliorer sa destinée. La strophe 126, de façon cachée (selon mon interprétation personnelle) donne le conseil de ne pas trop chercher à influencer la destinée des autres humains car cela ne vous rapportera que rejet social, affirme Odin. 
    La strophe 59 introduit une notion presque évidente pour nous, celle de l'importance de se sentir motivé dans sa vie, tout comme un 'coach' moderne pourrait le conseiller. Il faut prendre soin de soi et mener une vie active, éviter la nonchalance, si l'on désire atteindre les buts auxquels on se pense destiné. 
    Enfin, la strophe 141 nous donne la difficile règle d'or d'un destin harmonieux : être 'savant' (instruit, cultivé en toutes choses et surtout la magie) et à la fois créatif.

    Vous trouverez à le lien vers les traductions mot à mot et commentées de chacune des strophes du Hávamál.

    Le destin imprévisible : 
    strophe 41

    Avec des armes et des vêtements (ou des dangers)
    les amis doivent se réjouir,
    c'est ce qui est pour soi-même le plus visible;
    ceux qui donnent en retour et donnent à nouveau
    sont ceux qui sont amis le plus longtemps,
    s’il est accordé que tout se passe bien.

    Plusieurs strophes du Hávamál, comme celle-ci, décrivent la façon dont une amitié « à l'ancienne » se construisait au mieux. C'est le dernier vers qui fait une allusion à la destinée. En effet, les mots utilisés en Vieux Norrois sont « ef þat bíðr at verða vel. (si cela se conforme à devenir bien) ». En effet, le verbe bíða signifie ‘respecter/se conformer à/endurer’. On respecte (ou non) une loi et on restera ami très longtemps seulement si la loi des Nornes, l'örlög, le veut bien. Cette forme fataliste de parler du destin se retrouve dans de nombreux textes qui, de fait, font allusion au destin comme en passant. Cela ressemble plus à une façon stéréotypée de parler qu'à une réelle réflexion sur le destin. 
    La gravure ci-dessous, trouvée à Pompéi, illustre combien cette façon de parler mélangeant plus ou moins destinée, chance et roue de la fortune était répandue. 




    Cette image est censée représenter la destinée. Une sorte de structure s’appuie sur les attributs de la pauvreté (à droite), de la royauté (à gauche) et (centre) un crâne (la mort), soutenue par un papillon et une roue. Le papillon représente l’âme d’un mort dans cette mythologie.



    La connaissance de son destin et la joie de vivre: 
    strophes 56 et 15



    Strophe 56 : 
    Moyennement sage
    devrait être chaque humain,
    ne jamais tendre vers la sagesse ;
    l'örlög sien
    non devant le sage
    c'est celui qui est le plus sans esprit de tristesse.

    Strophe 15 (vers 4-5-6) : 
    heureux, brillant et joyeux
    doit (être) chaque homme,
    jusqu’à ce qu’il endure sa mort.

    Les trois premiers vers de 56 affirment que l'excès de sagesse n'est pas souhaitable, il ne faut pas constamment ‘tendre vers’ l'état de sagesse. Le dernier vers de 56 décrit de façon un peu compliquée l'état d'esprit du sage qui ne connaît pas son destin (car celui-ci n'est pas « devant lui »). La société moderne a ceci de commun avec la société scandinave ancienne que, dans une autre strophe, Odin condamne aussi l'abus d'alcool. Mais ici, c'est de l'abus de sagesse qu'il s'agit, et ceci n'est pas même imaginé comme un défaut possible dans notre société. Imaginez que nous ayons autant d'humains trop sages que d'alcooliques au point que les deux ‘défauts’ soient également ostracisés ! Il faut cependant rappeler que dans la civilisation scandinave ancienne, ‘sagesse’ égale largement ‘connaissances’ et que ce dernier mot comprend la connaissance de la magie. Cette remarque d' Odin souligne donc l'intérêt, sans doute excessif, que les magiciens portaient à découverte de leur propre örlög. Nous savons aussi que Frigg et Odin connaissaient l'örlög « de toute chose ». En quelque sorte, chercher à connaître son propre destin, c'est vouloir entrer en compétition avec les dieux, et ceci est la marque d'une outrecuidance qui, en effet, n'est peut-être pas vraiment recommandable à un simple humain.
    Par ailleurs, la strophe 15 précise que chacun devrait vivre une vie joyeuse tout au long de sa vie. En rapprochant ceci de 56, on se rend compte que 15 dit aussi, implicitement, qu'il est bon de ne pas trop se soucier de son destin. La raison qu’en donne Odin est que l’excès de sagesse peut conduire à la connaissance de son propre örlög, connaissance qui apporte un « esprit de tristesse » qui s’oppose aux conseils donné par la strophe 15. On constate donc que 15 n’est pas une strophe mineure parce qu’elle conseille une forme d’insouciance heureuse. C’est tout simplement une strophe profondément païenne qui condamne la notion d’ascèse, de recherche de la sainteté chrétienne ou de l’illumination bouddhique, c’est-à-dire celle d’une spiritualité pour laquelle l’humain quitte son statut de simple humain plein de joies « bassement corporelles ».


    La motivation : 
    strophe 59



    Il se lèvera tôt
    celui qui gagne vers (= atteint le statut) des poètes (ou obtient des travailleurs) 
    et il va vers (avance dans) la conscience de son œuvre (ou de son travail) ;
    (cela provoque) beaucoup de délai
    à celui qui dort tout au long de la matinée,
    les motivations sont la moitié de la richesse (ou de la destinée).

    Le sens de cette strophe est ambigu et comme on le constate dans la traduction ci-dessus. Tous les mots utilisés peuvent soit évoquer un travail, un ‘business’, soit évoquer le travail poétique. Les traducteurs choisissent en général la version la plus prosaïque mais je ne vois pas Odin se passionner pour les façons de devenir riche alors qu'il s'est passionné pour le fameux hydromel de la poésie. Pour récupérer l'hydromel de la poésie, il est allé jusqu'à risquer sa vie, et ensuite rompre un serment sacré, comme le dit explicitement la strophe 110 du Hávamál. Le contexte poétique du Hávamál fait donc plutôt penser à un poète qui doit se sentir motivé par sa destinée de poète s'il désire arriver à l'accomplir. Il n'est pas question ici de sous-entendre qu'un 'businessman' ne mériterait pas d'avoir une destinée mais qu'Odin était certainement plus intéressé par les poètes que par les bons gestionnaires de leur fortune. 


    Ne te mêle pas d’intervenir dans la destinée des autres :
    Hávamál 126***



    Voici deux explications possibles de cette strophe 
    Compréhension banale

    Ne sois pas un cordonnier
    ni un fabriquant de tige des flèches,
    sauf si tu les fabriques pour toi-même,
    qu’un soulier soit mal formé
    ou que soit tordu un fût de flèche
    alors on demandera qu’il t’arrive malheur. Compréhension magique

    N’exerce pas ton art pour faire avancer les choses
    ni pour arrêter une action (ou jeter un sort, cf. s. 145),
    sauf s’il s’agit de ta propre destinée,
    que les choses n’avancent plus
    ou que l’action (ou ‘le jet de sort’ ) tourne mal,
    alors la haine s’abattra sur toi.



    La version banale évoque la destinée de deux artisans particuliers, mais nous comprenons bien qu’ils ne sont que des exemples. Tout objet défectueux entraîne une réclamation du client. Dans ces conditions, il serait incompréhensible qu’Odin conseille un arrêt complet de l’économie sous prétexte que tout artisan prend des risques. Il semble que déjà dans les temps préchrétiens, les sorciers n’aient pas été très populaires, si bien que l’extension du sens de la strophe aux pratiques magiques est tout à fait évidente. Les jeteurs de sorts, en particulier, interviennent sur la destinée de leurs clients de façon décisive et les modifications qu’ils apportent aux destinées ont des effets difficiles à contrôler. Il est rare que la haine ne s’abatte pas sur eux. Ainsi, le conseil d’Odin peut aussi se comprendre comme « Ne sois pas imbu de ton pouvoir au point de l’utiliser sans peser les risques d’agir sur l’örlög de tes clients. »


    Être créatif et connaissant :
    Hávamál 141



    141.
    Alors, je devins véritablement créatif
    et empli de connaissances
    et je grandis et prospérai,
    une parole, hors de ma parole,
    cherchait l’aide d’une parole.
    [un mot cherchait un mot hors de mon mot]
    une action, hors de mon action,
    cherchait l’aide d’une action.


    Cette strophe nous explique comment obtenir un destin harmonieux, selon lequel notre esprit est fertile et notre vie, prospère. La ‘recette’ est donnée par les 4 derniers vers : celui dont les actions et les paroles passées s’entrecroisent avec les futures sans jamais se gêner dans une évolution harmonieuse, obtient une destinée harmonieuse, comme celle décrite dans les trois premiers vers. La façon dont fonctionnent et s’agencent ces deux capacités détermine les destinées chaotiques = dites malheureuses. 

    Puis vient les destinées harmonieuses  = dites heureuses.


    Remarquons tout de même que les conseils fournis ici ne sont pas faciles à suivre. Certes paroles et action passées interagissent toujours avec les futures, mais une grande sincérité associée à un esprit très clair sont nécessaires pour que ni les actions ni les paroles passées ne gênent les actions ou les paroles du futur, au lieu de s’appuyer les unes sur les autres comme Odin le recommande.

     

     

    Ecrit par Eikthyrnir Odinson 

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